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Philosophie de la foi


jeudi 17 septembre 2015









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Arjalas Editions

Recension sur Famille chrétienne

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Disponible à :

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INTRODUCTION

Foi et raison s’opposent diamétralement : une idée répandue à notre époque, une évidence pour la plupart des Européens. Pour le vrai croyant le monde n’a pleinement son sens que pour celui qui croit. Mais il est bien souvent intimidé, et admet inconsidérément que sa foi n’est pas rationnelle. Il en vient alors à reléguer le message révélé dans un au-delà ineffable, quasiment poétique, objet d’émotions ou d’exégèses narratives, stimulant pour l’action, mais incapable de fournir matière à une pensée rationnelle. Le résultat est que l’incroyant est confirmé dans son idée et classe tout cela dans le mythe sans trop y regarder.

En réalité cette attitude est une mutilation, contre laquelle crie l’expérience des siècles. En expédiant ainsi la foi, l’incroyant (et souvent même le croyant) rate un point essentiel, car il ne comprend pas ce qui est un fait essentiel de l’expérience humaine. La foi religieuse, ce fait intensément mobilisateur, est par nature une expérience qui prétend à la vérité, et qui donc peut être examinée rationnellement comme telle. Mais pour apprécier cette la vérité et réfléchir à sa nature, il faut tenter de voir ce qu’elle signifie en se plaçant de son point de vue, de l’intérieur, sans perdre pour autant l’exigence rationnelle. Même si en définitive on ne croit pas. Comment faire ?

Précisons tout de suite qu’il ne s’agit pas ici des motifs rationnels de l’existence de Dieu car c’est une question distincte de celle de la foi. Je les ai évoqués dans un autre livre , montrant comment la réflexion rationnelle peut nous mener à Dieu. Pas un Dieu bouche-trou de nos insuffisances, mais la réponse indispensable à l’interrogation de la pensée. Car, disais-je alors, notre raison, merveilleusement positive mais incapable de se fonder elle-même, n’a d’accès à une perspective cohérente et fondatrice de sens qu’en reconnaissant qu’il existe un Etre autre, existant par lui-même, et à l’origine de toute réalité, y compris du sens. Et qu’un tel Etre ne peut qu’avoir parlé à l’homme, par une forme ou une autre de Révélation. Ce qui mène à la possibilité de la foi, mais sans la donner. Mais en tout cas si on peut de droit parvenir à Dieu par la raison, et qu’on admet qu’Il nous a parlé, les deux termes de foi et de raison ne s’opposent pas, tout au contraire.

Le propos du présent livre est différent ; il s’inscrit très naturellement à cette suite, mais c’est de la foi qu’il traite. Or, conclure rationnellement que Dieu existe et avoir la foi sont deux choses très différentes. La foi elle-même se positionne comme conviction de vérité, mais basée sur une expérience d’un type différent, qui ne peut être démontrée. Face à un tel phénomène, on peut opérer de deux façons. On peut rester par principe en dehors, et de là tenter d’analyser le phénomène ou faire des hypothèses pour l’expliquer. Mais ce faisant on se fermera la voie de la compréhension de ce que le croyant dit vivre en vérité. Ou alors on se placera au moins un instant de raison du point de vue de qui a la foi. Un tel positionnement, au moins temporaire, est indispensable pour prendre pleinement la mesure de ce qu’est ce phénomène et de ce qu’il signifie, même si ensuite on peut refuser de le considérer comme vrai. C’est à mon sens le seul moyen de vraiment comprendre de quoi il s’agit. Etant entendu que, d’un point de vue philosophique, qui est celui que nous prenons ici, cela ne doit pas entraîner abandon de la raison critique.

Je ne vise pas ici le contenu de la foi (son message explicite) : la réflexion peut bien sûr le prendre aussi pour objet ; mais sans réflexion sur ce qu’est la foi elle-même comme telle, elle ne pourra appréhender vraiment cet objet. Une comparaison peut être faite ici avec un opéra dont on ne connaîtrait que le texte : il peut se lire, se comprendre, et se comparer avec un texte de théâtre ; mais sans la musique on ne perçoit qu’une partie limitée de l’œuvre, et pas la plus importante. Il en est de même d’un philosophe qui examinerait le seul contenu intellectuel de la foi : c’est légitime, voire nécessaire, mais il faut savoir que ce faisant on ne prend pas véritablement en compte ce qui en fait l’essentiel. Pour mieux comprendre un opéra à partir de son seul texte il doit au minimum admettre qu’il y a une musique, même s’il ne peut pas l’entendre. De même le philosophe examinant le contenu explicite d’une foi religieuse. Ceci dit, de même qu’un lecteur peut tenter valablement d’insérer un opéra dans la suite des productions littéraires d’une époque, et même tenter sur la base de ce qu’en disent ceux qui l’ont entendu, de comprendre ce qu’il véhicule, en tout cas de tester la légitimité de cette audition pour ceux qui y ont accès, un philosophe peut tenter de comprendre la légitimité de la foi, le contenu qu’elle exprime, et les leçons qu’il peut en tirer dans le champ philosophique, sous réserve d’un respect approprié du témoignage de ceux qui ont cette expérience.

Dans cette ligne ma démarche sera double. Je poserai en premier lieu la question du sens de la foi, placée sous l’œil de la raison. On l’a dit, une spécificité de la foi est qu’elle ne peut être le fruit d’une démonstration. Par nature c’est un rapport à des réalités qui ne sont pas connues directement, en tout cas pas par nos moyens normaux de connaissance, qui passent par nos sens. Dès lors la raison naturelle à elle seule ne peut créer ce rapport - même si elle peut contribuer à y conduire. En même temps se pose la question de savoir en quoi croire - ou plutôt en qui. Pour cela il faut en connaître quelque chose, mais c’est plus que ce que notre raison peut obtenir. C’est donc quelque chose que cet Autre, Dieu, nous a fait connaître Lui-même : tel est l’objet de la Révélation. Mais comme on voit alors, la foi suppose une connaissance qui est en même temps relation. Cette connaissance s’exprime - imparfaitement - dans des termes humains, qui sont dès lors accessibles à notre raison, même si leur objet la dépasse infiniment. Ce soubassement de la foi peut faire l’objet d’une interrogation rationnelle, qui n’a pas de raison d’échapper à l’investigation philosophique. D’un autre côté, philosophiquement il n’y a aucun raison a priori de ne pas admettre la possibilité de cette forme de connaissance que dit donner la foi ; et si on examine cette prétention, il est rationnellement licite et même nécessaire de partir de ce que dit cette foi, pour en examiner la cohérence et les objections possibles. Et dès lors, si la Révélation prétend être source de savoir au sens large, ce savoir peut être éclairé par la raison, même si elle ne peut rendre compte de la source. Plus largement, il est légitime que la raison se pose la question de la véracité de la religion. A condition bien sûr qu’elle sache reconnaître qu’elle doit pour cela s’adapter à la spécificité de son objet, qui, s’il a un sens, la dépasse.

Je compléterai cette analyse en évoquant les autres religions, notamment indiennes, et leur articulation avec la raison et la démarche philosophique. Leurs fondements sont très différents de ceux du christianisme. Là aussi apparaîtra la relation particulière qu’entretient ce dernier avec la raison et la philosophie. A soi seul ce fait est matière à réflexion pour ceux à qui la raison importe encore.

Au terme de cette analyse , il apparaît que la Révélation et la Foi sont à prendre au sérieux comme fondement possible d’une connaissance véritable, rationnellement acceptable, mais dépassant les moyens de découverte propres de la raison. Elles ne se limitent donc pas à fournir la base d’une vie de pratiques liturgiques, d’expériences affectives ou de conduites morales : ce sont des sources spécifiques d’enseignement pour la pensée rationnelle, des sources de vérités propres, que la raison peut comprendre et analyser, mais qu’elle n’aurait souvent pas pu découvrir par elle-même. Vérités qui pour le croyant nourrissent alors notre rapport personnel et intime avec Dieu, sans cesser d’être des vérités, analysables comme telles. La raison peut comprendre leur articulation et en reconnaître le sens. Et donc elle peut s’en enrichir dans sa démarche propre.

Ces différents points seront l’objet de la deuxième partie de notre examen, qui examinera ce que la foi peut apporter à la philosophie. Notre enquête montrera notamment que c’est la foi elle-même qui se révèle le plus sûr fondement de la raison. Car la raison critique ne parvient pas à se fonder elle-même de façon indiscutable, et la modernité ultime, postmoderne surtout, en souffre particulièrement. La raison peut découvrir alors que la foi chrétienne, qu’elle a voulu soumettre à une critique radicale, est son soutien ultime.

Plan

INTRODUCTION 6

PREMIERE PARTIE QU’EST-CE QUE LA FOI ?

CHAPITRE 1 : POURQUOI LA FOI ? 9 COMPRENDRE CE QU’EST L’EXPERIENCE DE LA FOI 9 ALLER A DIEU PAR LE RAISONNEMENT ? 12 IL FAUT QUE DIEU SE REVELE 17 LA FOI DEMANDE DE FAIRE UN SAUT, ET IL PEUT ETRE RATIONNEL DE LE FAIRE 21

CHAPITRE 2 : CROYANCE ET FOI : DEUX REALITES BIEN DIFFERENTES 23 LA FOI, UN APPEL SPECIFIQUE 23 LA FOI N’EST PAS LA CROYANCE ORDINAIRE 24 LA FOI VA BIEN AU-DELA DE LA CONNAISSANCE 30

CHAPITRES 3 LA FOI SOURCE DE CONNAISSANCE 33 LA FOI COMME RENCONTRE, LA FOI COMME MESSAGE 33 LA FOI, UN ORDRE DE CONNAISSANCE SPECIFIQUE 37 UNE CONNAISSANCE QUI NAIT ET SE DEVELOPPE DANS LE TEMPS 40

CHAPITRE 4 : LEGITIMITE EPISTEMOLOGIQUE DE LA FOI 42 POSITION DE LA QUESTION 42 PEUT-ON CONSIDERER LA FOI COMME UNE CROYANCE DE BASE LEGITIME ? 45 EXPLORER PRAGMATIQUEMENT LES CROYANCES RELIGIEUSES ? 50 FOI ET REVELATION SOUS LE REGARD DE LA RAISON 53

CHAPITRE 5 : LES RELIGIONS D’ASIE : PEUT-ON PARLER DE FOI ? 58 L’HINDOUISME 58 LE BOUDDHISME 61 SPECIFICITE DE LA FOI CHRETIENNE 68

DEUXIEME PARTIE FOI ET PHILOSOPHIE

CHAPITRE 6 : FOI ET PHILOSOPHIE 70 PAS DE FOI SANS UNE BONNE PHILOSOPHIE 70 LE TEXTE DE REFERENCE : FIDES ET RATIO DE JEAN-PAUL II 73 DES CONFLITS ENTRE FOI ET RAISON ? 77 C’EST LA FOI QUI SOUTIENT LA RAISON 79

CHAPITRE 7 : DES PHILOSOPHIES CHRETIENNES 84 LE CHOIX D’UNE BONNE PHILOSOPHIE 84 L’IDEE DE PHILOSOPHIE CHRETIENNE 85 LA RECHERCHE DU SENS ET LE BESOIN DE METAPHYSIQUE 88

CHAPITRE 8 : DEFENSE DE LA BONNE METAPHYSIQUE 91 LA METAPHYSIQUE, UNE IDOLATRIE ? 91 IL EST LEGITIME D’ALLER A DIEU PAR LA PHILOSOPHIE 94 LE CONCEPT PHILOSOPHIQUE EST-IL REDUCTEUR PAR NATURE ? 101 LA PENSEE FAIBLE ET LE REFUGE DANS LA PRATIQUE 104

CHAPITRE 9 PENSER LE TEMPS ET L’HISTOIRE, EN S’INSPIRANT DE LA FOI 109 LE TEMPS ET L’HISTOIRE, CHAMPS DE DIALOGUE ENTRE FOI ET PHILOSOPHIE 109 LA VERITE DANS L’HISTOIRE OU LA TRADITION BIEN COMPRISE 112 POUR UNE TRADITION DE VERITE EN PHILOSOPHIE 115

COURTE BIBLIOGRAPHIE 119

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