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Les inégalités et la justice sociale (troisième article) : inégalités et participation à la société


dimanche 20 décembre 2020









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On l’a dit dans les précédents articles, en termes d’inégalités une perspective plus féconde que le raisonnement arithmétique, est sans doute de prendre la question dans l’autre sens, c’est-à-dire du rapport des personnes à la société : quelle est leur place, qu’est-ce qu’ils donnent et reçoivent, et surtout quel sens cela prend pour eux. Cela conduit à réfléchir sur les fondements politico-culturels de la société concernée, et sur ses priorités.

Une école bien représentée centre justement son approche sur la capacité de tous à participer au jeu social. Le lien avec les idées du prix Nobel Amartya Sen est ici évident : plus que la distribution, c’est l’exercice des ‘capabilités’ qui compte (capacités en bon français), et plus profondément de réalisation de soi. La privation de cette capacité est distincte de la privation économique ; et il est manifestement plus important de l’accroître que d’accroître les subventions (sauf pour ce qui est indispensable à la satisfaction des besoins de base).

L’égalité des chances et ses limites

Dans cette perspective, la recherche de l’égalité des conditions de départ (égalité des chances) n’est d’emblée pas la solution principale. Même si elle fonctionnait parfaitement, elle ne ferait que nourrir encore plus le ressentiment, car ceux qui se trouveraient au bout du compte en bas y seraient alors parce qu’ils auraient échoué dans la compétition, et la faute reposerait entièrement sur eux, d’une façon qui est en fait humainement injuste. La discrimination faite sur la base de l’efficacité est aussi pesante qu’une autre, et elle est source d’exclusion elle aussi. Dit autrement, le fait qu’un autre soit choisi et pas vous pour une position avantageuse, même si le choix est justifié et que vous avez eu vos chances, laisse entier le problème de savoir comment vous vous situez dans la société. Au contraire, il faut viser si possible la possibilité de développement, d’autonomie et de responsabilité de tous pendant toute la vie, notamment active. Et pour cela, il n’est ni nécessaire ni suffisant que les gens aient eu des chances égales au départ (même si l’égalité peut y contribuer beaucoup).

Sandel et la méritocratie

La question de l’égalité des chances pose celle de la méritocratie. Elle a été récemment traitée avec lucidité par Michael Sanders (The Tyranny of Merit). Comme il le note dans la ligne des réflexions précédentes, le problème de base de toute méritocratie est d’abord qu’elle induit chez le gagnant l’idée que ce qu’il a obtenu résulte de ses seuls efforts ; et inversement pour le perdant qu’on doit imputer ses échecs à soi-même. Il n’y a alors plus d’aléa ou de chance : on a ce qu’on nous devait. Ce n’est même plus dû à notre vertu morale : nous avons gagné parce que nous sommes meilleurs dans une compétition. Mais à nouveau, pour les perdants, c’est pire que tout : ils sont mauvais en soi, alors que dans les régimes antérieurs, le pauvre pouvait garder sa dignité, car rien ne prouvait qu’il était en soi inférieur. Sans parler de la corrélation limitée entre des résultats économiques et la mesure réelle du bien commun ; ou entre les résultats académiques et la vraie contribution à la société. Résultat d’autant plus paradoxal que le bilan depuis 40 ans de ces ‘élites’ n’est pas convaincant - d’où la révolte populiste.

Sur le plan économique, comme le notait Hayek lui-même, le résultat du marché n’a rien à voir avec la rémunération d’un mérite : son verdict résulte simplement de l’agencement des préférences collectives. En fait, pour être complétement équitable, il faudrait juger les goûts qui s’expriment sur le marché. Plus profondément, même si comme Rawls on voudrait que le mérite des gagnants prenne en compte leur contribution à la situation des autres (en supposant que ce soit possible), on garderait ce faisant une compétition méritocratique, même si ce serait avec d’autres critères. Pas plus que le marché, Rawls ne mène de considération sur le bien : il ne raisonne que sur des droits, et au fond sur un mécanisme. Or, dit Sandel, même si celui qui gagne beaucoup plus l’a réellement mérité parce qu’il a œuvré pour la société, cela ne résout pas le problème pour le perdant, qui est le vrai dilemme méritocratique ; cela pourrait créer tout autant de ressentiment.

En fait dit Sandel, ce qui manque est le sens de la communauté. La conception civique du bien commun suppose notamment une réflexion sur le travail, car c’est par là que nous contribuons à la société. Or la contribution au bien commun est essentielle pour donner un sens à notre vie. Pourquoi alors, dit-il, ce thème n’émerge-t-il pas dans le débat ? Ce n’est pas seulement du fait de notre culte effréné de la consommation ; c’est dit-il plutôt lié au pluralisme des valeurs : on n’est pas d’accord sur ce qui signifie un vrai développement personnel. Pour émettre les choses en ordre, ajoute-t-il, reconnaître la dignité du travail est quand même un bon point de départ. Mais il reconnaît que si on va dans cette logique on remet en cause la globalisation, au moins en partie, ainsi que la financiarisation, car une partie appréciable de cette activité nuit plus qu’elle n’aide. Et comme l’activité économique aboutit inévitablement à ce que certains gagnent de l’argent sans véritable mérite au sens qualitatif du terme, on doit remettre en cause l’idée ambiante que ce qu’on gagne reflète son mérite : ce gain peut être légal, il n’est pas le signe d’une supériorité. En d’autres termes, il pose la question de l’estimation par la société de ce qui est le vrai bien commun, ainsi que des valeurs collectives, même s’il ne développe pas assez ce point.

Sortir de l’obsession de l’égalité des chances

En outre, contrairement à un conception basée sur le bien commun, dans un système où une égalité des chances serait supposée réalisée, ceux qui réussissent considéreront volontiers leur position comme un dû et ils tendront à ne se reconnaître aucun devoir correspondant. Ainsi les élites cosmopolites qui dominent actuellement. Or même si leur mérite est réel (ce qui n’est pas exact), il est aussi dû en partie à la société – et à la chance. D’où la question de ce que les gagnants doivent aux autres. Cela implique au minimum qu’ils rendent à la société, à la communauté, dans la mesure de leurs moyens.

A cela s’ajoute la question des inégalités résultats de l’éducation, notamment entre les familles. Dans le contexte moderne, on note des différences croissantes dans les niveaux éducatifs des familles, car les familles d’en-haut s’occupent beaucoup plus qu’autrefois de leurs enfants et y investissent beaucoup plus que les autres. Cela avantage même les peu doués de ces familles privilégiées. Sur ce plan-là aussi, les analyses montrent la persistance des inégalités, y compris sur la très longue période, tant en haut qu’en bas. C’est dû semble-t-il pour l’essentiel à la culture familiale. Mais d’un autre côté, et contrairement à ce que dit l’idéologie dominante, en soi il n’est pas du tout mauvais que ces talents soient transmis au sein des familles ; c’est même excellent et socialement bénéfique. A condition qu’on s’occupe aussi des autres ; et pour cela l’égalité des chances formelle ne veut pas dire grand-chose. Ni d’ailleurs la suppression stupide et destructive de la culture générale qu’on pratique actuellement, au prétexte qu’elle favoriserait les bourgeois. Car quels que soient les termes de la compétition, les mieux dotés s’organiseront pour la gagner. D’un côté, on se fonde trop sur la sélection. Mais d’un autre côté, s’il y a sélection, qu’au moins elle se fasse sur la base de vrais valeurs, d’une vraie culture, d’une vraie éducation. Il faut aider les moins avantagés et non détruire la transmission et l’éducation là où elle existe.

Albino Barrera ajoute que du fait des exigences de l’économie de la connaissance, le coût d’entrée à la participation au marché s’est relevé pour tous. En outre, notre place dans la société dépend du chemin que nous avons emprunté au cours de notre vie. Les handicaps dont dès lors cumulatifs. Ce qui implique un risque élevé que se constitue une sous-classe permanente de défavorisés. L’égalité formelle des chances n’est pas ici une réponse, même s’il est légitime de la rechercher. Il faut donc là aussi une aide spécifique aux plus défavorisés, de la part de la société au sens large (pas seulement de l’Etat), pour leur permettre de participer, surtout s’il y a compétition, et ouverture mondialisée.

Justice et participation à la société

Mener une vie qui soit bonne

L’approche en termes de capacités vise à donner une réponse à tout cela, mais elle ne suffit pas, car il reste en sous-jacent une forme de compétition méritocratique. Il faut donc élargir la question. Dans la tradition de pensée classique, Mary Hirschfeld reconnaît par exemple la pertinence de l’interrogation sur les inégalités excessives dans nos sociétés, mais elle rappelle que si on se limite à la seule dimension monétaire, on ne répond pas vraiment à la question de ce que peut être la vie de chacun, et on laisse même entendre que c’est le niveau matériel qui seul importe. Que veut dire en fait une vie décente ? C’est, dit-elle, un point essentiel pour analyser la justice économique. Le point qu’elle souligne est que les biens matériels sont instrumentaux : ils servent à autre chose qu’à eux-mêmes, et notamment à mener une vie bonne. On raisonne trop souvent sur la croissance des inégalités en fonction des seuls moyens matériels. Certes, une inégalité matérielle trop forte a plusieurs défauts graves, outre le fait de mal utiliser les ressources en en privant certains : elle donne un rôle excessif à l’argent qui apparaît alors comme socialement décisif ; elle accroît l’influence des riches dans la société et sur le pouvoir politique ; elle peut même déstabiliser l’économie ; enfin, elle accroît la ségrégation spatiale entre riches et pauvres et réduit d’autant la solidarité. Face à ce problème réel, dit-elle, la redistribution des revenus (notamment par la fiscalité) peut être un bien, mais elle ne suffit pas à régler le problème, et elle risque elle aussi d’accréditer l’idée que seul l’argent compte. Et comme on l’a dit, l’égalité des chances en soi ne résout pas la question. En outre, ce faisant on ne redonne pas leur dignité aux professions jugées plus humbles que d’autres (éboueurs par exemple). La crise du coronavirus a montré à nouveau l’importance cruciale de ces professions pour la vie commune, d’autant que ces travailleurs se sont souvent trouvés plus exposés au risque que les autres (y compris les transporteurs, caissières, ouvriers, agriculteurs bien sûr etc.). Et on ne réglera pas non plus cette question uniquement en les payant plus – même si la question se pose évidemment aussi sous cet angle.

La question doit donc être élargie. Car au fond, notamment dans l’optique de la justice distributive, la question véritable est d’abord la juste participation de tous à la vie commune, ce qui inclut la juste reconnaissance de ce rôle, de ce qu’on donne comme de ce qu’on reçoit ; et c’est ensuite et plus encore celle de la qualité de cette vie commune, et les perspectives d’amélioration et de réalisation vécue que chacun rencontre. Une telle participation à la société repose en dernière analyse sur la nature sociale de la personne humaine : le bien commun est le bien de tous, et il est nécessaire au plein développement de chacun. Il y a donc de ce point de vue ce qu’on pourrait appeler une ‘justice participative’ (partie elle aussi de la justice générale). L’opposé en est la marginalisation, l’exclusion, qui ne se limite pas aux plus pauvres. Cette justice est un développement de la justice distributive, si on comprend par distribution ce que la société donne à chacun. Mais le terme de ‘participatif’ y ajoute une nuance importante : le fait qu’en participant, chacun non seulement reçoit, mais donne, et donc échange avec la communauté. A notre époque, on sera tenté d’exprimer cela dans le langage des droits de l’homme, mais ce faisant on ne saisira pas l’objet du débat, qui n’est pas d’abord une revendication de droits, mais la recherche de la participation optimale de tous, dans le cadre de ce qu’on appelle au sens propre le bien commun. En un sens, on pourrait dire que pour cette forme de justice, l’organisation collective est injuste si elle marginalise la personne et la prive du bienfait de la société humaine, ou d’une partie de celui-ci, y compris d’ailleurs en amoindrissant ce que produit et offre cette société. Et ce qui contribue à cette participation ne se limite pas à l’activité économique, mais est aussi d’ordre social et personnel. Inversement, l’inégalité économique est bienvenue, et même nécessaire, si elle développe le bien commun, donc ce qui est disponible, permettant aussi une forme enrichie de participation. Les gens acceptent la richesse des autres si elle résulte d’une vraie création, et qu’elle apporte quelque chose à la société. Mais pas si le gagnant rafle tout, et ne se reconnaît aucun devoir spécifique découlant de cette position. Et a fortiori s’il pille.

Participation et propriété

Sous l’angle purement matériel, un des moyens pour cela (mais évidemment pas suffisant) est la diffusion de la propriété. C’est ici qu’on peut évoquer la piste ouverte par un courant de pensée tournant autour de l’idée de diffusion de la propriété, la propriété de sa maison et surtout celle des moyens de production. Ainsi dans le ‘distributisme’ anglais de H. Belloc et G. K. Chesterton, d’inspiration catholique, recommandant comme alternative au socialisme et au capitalisme la diffusion la plus large possible de la propriété directe des moyens de production. Ces idées ne sont toutefois pas très précises, au-delà de ce principe. Cela consiste par exemple en un éloge appuyé de la paysannerie d’une part, ainsi que de l’artisanat ou du petit commerce. Et d’autre part, dans le cas des entreprises, par une action volontariste, et notamment un avantage donné dans la loi et la fiscalité à la petite entreprise, et à la propriété directe. Cela peut prendre par exemple la forme de taxe en cas de vente de la petite propriété à la grande, de mesures pour favoriser l’éclatement de celle-ci, la protection de l’expérimentation ou de la création dans la petite propriété ; plus bien sûr une lutte renforcée contre les monopoles ou l’abus de pouvoir et de position, et la recréation de la responsabilité des détenteurs. Belloc admet que tout cela va contre des tendances économiques naturelles, liées soit à la plus grande efficacité de la concentration, soit à son pouvoir. Mais le bénéfice social lui paraît nettement supérieur.

Sous l’angle qui nous concerne ici, cette diffusion n’a de sens que si la personne devient vraiment par-là plus maître de son destin. L’idée de restauration d’un vraie paysannerie a des affinités avec les tendances écologiques actuelles ; il serait bon de la favoriser, mais on peut douter que cela puisse devenir un phénomène significatif dans nos sociétés, sauf grande crise ou mutation majeure. Quant à des mesures visant à favoriser les petites entreprises ou l’artisanat, ainsi que les coopératives vraies, ou à les protéger par rapport au plus grandes, ainsi qu’à lutter contre les monopoles et concentrations excessives etc., elle est en soi attractive et mérite d’être approfondie. Mais cela ne résoudrait là aussi que partiellement la question de la plupart des entreprises et donc du gros de l’économie. Comme on voit mal comment les morceler systématiquement, la seule voie possible est en effet alors la détention plus diffuse d’actions, notamment dans le personnel. Mais une telle propriété serait alors trop divisée pour assurer un vrai contrôle personnel, individuel, des moyens de production, comme le voudraient les distributistes. C’est bien, mais ce ne peut donc être qu’une voie partielle.

Participation de tous, progrès technique et emploi

Dans une large mesure, dans nos sociétés participer à la société signifie d’abord avoir un emploi. Comme on sait, cela n’a pas toujours été le cas ; dans les sociétés antérieures, malgré leurs limites, l’idée de communauté était centrale ; la situation normale était l’insertion dans la communauté, le travail de chacun était attendu mais ne se reliait pas à ce que nous appelons de nos jours un emploi. Il serait à l’évidence hautement souhaitable que se reconstituent au moins de façon partielle ces solidarités communautaires. Mais cette question dépasse l’économie : elle est un de ces nombreux exemples où l’économie n’a pas la réponse, parce qu’elle n’a de sens que comme partie d’une réflexion sociale, culturelle et politique au sens large. Ajoutons que la question n’est pas seulement financière : donner à quelqu’un de quoi vivre ne suffit pas en soi pour l’insérer dans la société. Il reste cependant qu’en général un emploi est nécessaire (ou l’équivalent), donnant la possibilité de se réaliser ou au moins de contribuer par son travail.

Ce qui peut conduire, pour l’assurer, à utiliser des moyens sortant du cadre économique habituel, par exemple par emploi volontariste de personnes difficilement recrutées par l’économie au sens habituel du terme. Ce qui suppose aussi des moyens, et pas d’abord publics, mais notamment par solidarité ou don. Ajoutons que cette importance cruciale du travail prend une acuité particulière dans le contexte actuel, avec le double effet de la mondialisation et du développement technique, notamment de l’intelligence artificielle (IA). La seconde peut devenir un facteur majeur de déstructuration s’il s’avère plus destructrice que créatrice d’emploi. On dit que par le passé le progrès technique a toujours été créateur d’emplois, ce qui est en gros vrai ; mais cela ne veut pas dire que ce sera toujours le cas, surtout dans le contexte de la mondialisation, et en tout cas pas nécessairement tout de suite. Inversement les mêmes développements peuvent créer d’autres emplois, ce à quoi on peut ajouter les emplois issus de la conversion écologique, ainsi que des services à la personne. La question dépasse notre propos ici, mais elle est majeure, et elle peut conduire à revoir en profondeur notre conception de l’emploi, c’est-à-dire de l’insertion de la plupart des personnes dans l’économie ; insertion qui est en tout état de cause une priorité absolue. Il s’agit alors de favoriser une création d’activité socialement bénéfique, et à la rémunérer de façon adéquate.

Mais l’emploi lui-même ne suffit pas : beaucoup de personnes trouveront un sens dans la vie dans d’autres formes d’expression, notamment associative, ou dans le cadre de solidarités comme la famille ; le tout supposant une société moins obsédée par la seule activité économique au sens étroit.

Enfin nous avons évoqué surtout les aspects économiques, mais d’autres questions essentielles seraient à évoquer dans cette perspective. On ne citera que celle, fondamentale, de l’éducation, qui doit s’arracher à l’obsession de la compétition, tout étant exigeante et tournée vers la qualité, comme elle l’a été à une époque.

Conclusion

Comme on le voit, en conclusion, la question de la participation de tous à la société conduit à changer notre regard en profondeur. Non que la lutte contre les inégalités excessives, ou mal orientées, ou pour une plus grande égalité des chances, n’ait pas son sens ; mais elle n’est pas la réponse principale. Celle-ci doit être orientée vers ce que les personnes apportent à la société et ce qu’elles en en retirent effectivement. Là aussi, cela appelle un grand retournement politique (pour reprendre le titre d’une de mes livres récents). Politique, mais aussi culturel et mental.
















































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