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Avenir de la démocratie et révoltes arabes


vendredi 4 mars 2011









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Nous venons de publier ce livre sur l’Avenir de la démocratie. Or voici qu’une partie appréciable du monde arabe s’insurge et paraît se réclamer largement de la démocratie. Ces révoltes arabes sont intervenues après la rédaction du livre, qui ne traitait pas principalement de leur cas. Mais la comparaison entre le thème du livre et la situation en cours d’évolution est éclairante.

Rappelons les grandes idées de L’Avenir de la Démocratie. D’abord, la relative fragilité des démocraties : ce sont des régimes bien particuliers et historiquement récents, mais ils ont institutionnellement une force, qui est d’être les seuls régimes politiques légitimes aujourd’hui. Ensuite l’ambigüité de leur référence idéologique : elle comporte un progrès réel sur des points comme les droits de l’homme s’ils sont bien compris, mais elle est gâchée par ce que nous appelons le paradigme démocratique et sa dérive relativiste, dangereux pour la démocratie elle-même. Enfin l’importance essentielle pour le succès du régime de sa base nationale, et de sa base économique (un capitalisme efficace).

Le cas des pays arabes en révolution est bien spécifique. Notons d’abord qu’au moins à ce stade il touche essentiellement des pays ‘révolutionnaires’, c’est-à-dire des pays dont le régime était issu de ce qui s’appelait révolution et utilisait une phraséologie révolutionnaire et démocratique. Bien sûr la réalité était différente. Mais ce n’est pas minorer l’importance et la nouveauté de ces révoltes que relever qu’elles ne marquent pas un changement dans le registre de référence. La légitimité démocratique de principe était en théorie présente ; mais évidemment pas la pratique parlementaire et électorale. Ces régimes étaient donc bâtis sur des porte-à-faux. Qu’ils aient sauté lorsqu’une partie suffisante de la population ne pouvait plus supporter leur défauts est moins surprenant qu’on ne le dit.

S’agissant de l’avenir, la légitimité démocratique est sans doute présente mais sûrement pas la pratique institutionnelle. Elle peut peut-être s’instaurer. Mais cela dépend notamment des autres composantes de la vie commune. Idéologiquement le paradigme démocratique n’y est pas dominant comme en Occident, ce qui serait plutôt bon ; mais la culture collective est imprégnée d’Islam, une religion très prégnante en droit et politique et peu propice à leur autonomie. Par ailleurs si le sentiment national est fort et a été très présent dans la crise, la base économique est elle très faible, et bien différente de ce qu’a connu l’Occident lorsque la démocratie s’est mise en place ; une large partie de la population reste sur ses marges.

On ne peut donc inférer de l’histoire de nos sociétés à celles-là., ni dans un sens ni dans un autre. Une démocratie à l’occidentale adaptée au contexte local (qu’on peut situer par exemple entre la Turquie et l’Inde) est concevable, même si l’histoire ne l’a pas préparée. Mais ce n’est pas l’issue la plus probable : outre une rechute autoritaire, ou une dérive islamiste, on peut imaginer un système à pouvoir dominant, jouant sur le sentiment spontané de communauté de la population et le ciment religieux. Même la Turquie peut y venir : a fortiori le monde arabe.
















































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