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La violence de Dieu dans l’histoire selon l’Ancien testament


dimanche 10 septembre 2023









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Une question lancinante est celle de la violence attribuée à Dieu dans l’histoire, violence qu’on rencontre en permanence dans les pages de la Bible, notamment l’Ancien testament. Cela choque le lecteur moderne, et pourtant c’est dans la Bible, censée être inspirée par Dieu. Que peut-on en penser ?

Quelques réflexions pour aider à éclairer cette question sensible.

Les textes et leur enjeu

Un des éléments de l’Ancien testament qui peut plus particulièrement choquer le lecteur contemporain est la présence fréquente de la violence, notamment à l’occasion de combats où Dieu intervient activement pour soutenir les ambitions d’Israël ou le destin personnel de tel ou tel. On y parle constamment d’ennemis à exterminer ; et on y voit des désobéissances mineures punies de façon qui nous paraît sauvage et disproportionnée. Ainsi une sorte d’aura ou de tabou entoure dans toute la période de l’Exode le périmètre sacré, ou les lois : les gens meurent comme des mouches ou sont massacrés de façon approbatrice dès qu’ils franchissent certaines limites.

Comment comprendre ces textes ? La question posée ici n’a rien à voir avec l’historicité de ces événements, car c’est le fait qu’ils soient canoniques qui pose problème. En effet, même s’ils ne se sont pas produits, ce qui choque est qu’il soit dit, avec l’autorité de la Révélation, que Dieu les approuve.

Ce peut même être plus choquant si on considère que ce sont des récits imaginaires. En effet, si comme dans la lecture ancienne, on pense qu’il s’agit de faits dans l’ensemble réels, mais rapportés par des témoins qui, bien qu’inspirés, n’en ont pas perçu la portée ou la complexité, on peut les interpréter autrement, à la lumière du reste de la Révélation. Le texte a alors pour fonction de nous dire ce qui s’est passé, mais sans que l’interprétation qu’il en donne soit à prendre au pied de la lettre. Si en revanche ce sont des récits imaginaires, le seul message est celui que nous avons et il n’y a plus derrière une réalité complexe à interpréter. Il est alors plus difficile d’échapper à une lecture plus relativement littérale.

Quoi qu’il en soit, pour bien comprendre ces textes, il faut d’abord tenir compte du mode de rédaction des textes bibliques, qu’on ne saurait prendre littéralement, surtout lorsqu’il évoque le point de vue, les ‘pensées’ ou les ‘sentiments’ de Dieu. En outre, il est essentiel de faire une lecture symbolique en termes de combat intérieur, de lutte entre le Bien et le Mal, y compris en nous. A.M. Crignon souligne par exemple que les psaumes imprécatoires nous rappellent que nous sommes en guerre avec le démon, et ces passages violents sont alors tout à fait adaptés. On peut aussi lire les psaumes qui s’en prennent violemment aux ennemis d’Israël comme des prières adressées au Seigneur, donc sans perspective de vengeance personnelle, avec abandon à Sa volonté sur la manière dont on sera exaucé, et non pas comme des exécrations magiques. Tout cela est incontestable et même essentiel pour la lecture priante.

Cela dit, en rester là serait insuffisant, car il est manifeste que le texte parle d’événements réels : il nous dit que le peuple de Dieu est une réalité qui s’est traduite aussi en termes socio-politiques, et qui participe de l’incarnation du message et du projet de Dieu dans l’Histoire. Dieu a choisi de se constituer un peuple : c’est un point essentiel de la Révélation et on doit prendre au sérieux la réalité sous-jacente aux récits bibliques. Or ce peuple rencontre la violence et l’exerce. Il faut donc aller plus loin.

Situer les textes dans leur contexte

Tout d’abord, il faut rappeler que la description de Dieu que donne l’Ancien Testament, avec ses traits guerriers et claniques, est directement fonction de la compréhension du monde qu’avaient les esprits de l’époque. Un fait essentiel est ici le caractère progressif de la Révélation. Adaptée à des esprits au départ assez frustes, caractéristiques de leur temps, elle se concentrait sur une mission par nature simple (ce qui ne veut pas dire qu’elle n’était pas grandiose), qui était de constituer au sens concret du terme un peuple dédié à Dieu. Il y a eu ensuite (la Révélation inspirant le travail de réflexion) émergence progressive d’un message spirituel, de plus en plus universaliste et de plus en plus moral. Dès lors, certes, ces textes sont inspirés par Dieu, mais en passant à travers la capacité de réception des gens. Or il est manifeste que dans les phases initiales, il y avait confusion possible entre la lutte contre le Mal comme principe, notamment l’action des démons, et la lutte contre les ennemis d’Israël : une réalité foncièrement spirituelle y était souvent traduite en termes de lutte terrestre. Cela ne veut pas dire que le message divin était littéralement celui-là, mais que c’est la manière dont il était perçu et traduit.

En outre, cette émergence s’est faite au sein d’une société réelle, dans sa réponse à l’appel de Dieu. Or qui dit peuple réel dit faits politiques et sociaux, violence comprise. Violence qui dans les sociétés de l’époque était acceptée comme un fait normal et généralisé. L’action de Dieu dans toute société prend inévitablement des formes compatibles avec cette société, comme l’Ecriture le confirme : le Christ dit ainsi que la loi mosaïque sur le mariage était conçue en fonction de la ‘dureté de cœur’ des gens de l’époque. Inévitablement donc, cette violence s’est manifestée dans les textes, et ce n’est que progressivement qu’on l’a plus clairement distingué cette violence politique de la lutte générale contre le mal, qui passe à l’intérieur de chacun de nous.

Dit autrement, il s’est agi de l’éducation sur plusieurs siècles d’une communauté bédouine assez sauvage et, comme dit avec amertume le texte, « à la nuque raide », c’est-à-dire récalcitrante face à ce genre de leçons. Il fallait donc que, au moins dans le récit qui en a été fait, ces leçons et donc les effets des actes soient efficaces, immédiats et visibles, ce qui implique une certaine violence. En outre, les mœurs du temps étaient pénétrées de cette violence. La justice sans effet physique expéditif était inimaginable. Enfin, dans toute la phase de la révélation ancienne, rien n’indique que la foi dans une autre existence, un autre monde comportant rétribution de nos actes dans celui-ci, ait fait l’objet d’une révélation explicite. Ce qui implique qu’on devait en pratique envisager dès ce monde ces éléments indispensables de la pédagogie morale que sont la récompense des bons et la punition des méchants. Surtout dans le contexte primitif qu’on vient de décrire. Il est donc clair que Dieu a voulu éviter de révéler trop tôt cet autre monde - source possible de confusions et de projections. La priorité première, c’était d’enseigner l’unicité de Dieu, son caractère transcendant, et d’inculquer la foi dans Sa fidélité dans l’Alliance.

Une autre réalité centrale qu’il fallait bien faire sentir à ce peuple, c’était la réalité de ce monde, qui n’est pas illusion. Et que ce qui s’y passe compte. Il fallait donc éviter deux risques simultanés : le paganisme (celui des peuples voisins), et l’idéalisme désincarné (celui de l’Inde). Par exemple, il y a eu en Egypte une croyance plus précoce au jugement des âmes. Mais c’était encore du paganisme : on prolongeait en fait ce monde dans un au-delà qui restait au fond très terrestre. L’effet pédagogique était faible, et le risque d’erreur manifeste. D’où l’insistance au contraire en Israël sur la transcendance divine, couplée à Sa fidélité. Le royaume terrestre promis par Dieu restait pleinement distinct du niveau divin. Ce n’est que beaucoup plus tard que les esprits ont été à même de combiner la transcendance absolue de Dieu avec la possibilité de participer à Sa vie dans l’autre monde. En fait, on n’a pu vraiment franchir ce stade qu’avec l’étape à la fois concrète et inouïe de l’Incarnation du Christ. De même, on constate que Dieu n’avait pas pour priorité de donner à son peuple comme enseignement premier le refus de toute violence. Concrètement, c’est en partie parce que cela aurait été incompréhensible, et aurait débouché sur l’annihilation rapide d’Israël. Mais c’est aussi et surtout parce qu’une juste appréciation de cette question supposait des étapes premières, et en particulier une juste compréhension de l’Au-delà. Sinon, la non-violence est une lâche démission.

Il en est de même de la violence censée être exercée par Dieu. Précisons ce point. Il faut rappeler que Dieu exerce une certaine ‘violence’ au sens large du terme, et pour notre bien, notamment pour nous obliger à nous transformer, ou à la suite d’actes objectivement mauvais ; ce qui s’est appliqué déjà bien sûr au peuple hébreu. Mais ceci ne veut pas dire que tout ce qui Lui est attribué dans la Bible corresponde à Sa volonté réelle, ou plus exactement doive être interprété dans ce sens au pied de la lettre. Le premier fait, essentiel, est que les psaumes par exemple ne visent jamais une vengeance réalisée par soi-même. Il ne s’agit jamais que d’un appel à Dieu. Et si on en appelle à Lui, c’est parce qu’on pense qu’Il doit intervenir, c’est-à-dire parce qu’une injustice majeure est en train de se réaliser. En d’autres termes, on s’inscrit dans le cadre d’un ordre à rétablir, d’importance cosmique. Mais le fait est que dans le texte littéral, cet ordre est en quelque sorte aplati sur la lutte humaine dont on est témoin. Le rétablissement de l’ordre suppose alors, pensait-on, une intervention physique immédiate, nécessairement violente. Il apparaît donc que si les intentions et les leçons sont justes, l’Ancien testament réduit à sa lettre n’en pratique pas moins souvent une sorte d’aplatissement des perspectives. D’un côté, il n’y a souvent pas de profondeur eschatologique : les choses ne paraissent se régler qu’en ce monde. De l’autre, la violence apparaît comme le moyen naturel pour cela. Bien sûr il garde pour nous sa valeur, car ses références de principe restent valables, et notamment l’exigence de justice. Et nous pouvons lire ces textes avec grand profit, en revenant à ce niveau fondamental, et en faisant comme on l’a dit une lecture symbolique. Mais il n’en restera pas moins la question de leur signification originelle, caractérisée par cet aplatissement momentané des perspectives. Celui-ci ne peut s’expliquer que par le jeu de la pédagogie divine.

L’interprétation de ces événements ne peut donc se limiter à un mode d’exposition nécessairement daté historiquement. Quand par exemple dans la Bible Dieu prend parti pour Israël dans une lutte armée, ou punit de façon pour nous disproportionnée un malheureux, le texte décrit une situation qui, pour l’auteur sacré, avec la mentalité de l’époque, se suffisait à lui-même ; ce qui paraît vouloir dire que Dieu n’a pas jugé bon de le faire aller plus loin dans l’élaboration et la réflexion. Mais cela ne veut pas dire qu’il nous faille en rester là, dans une perspective qui serait fondamentaliste. La réalité ultime de chaque situation de ce type, telle que Dieu la voit, ne nous est accessible que dans la mesure où Dieu l’a révélée, et si c’est le cas, c’est à la lumière de l’ensemble de la Révélation, y compris des révélations ultérieures. Une réalité décrite en quelques mots par l’auteur sacré, parce que dans son optique la description suffisait, aurait probablement été traitée dans une perspective ultérieure de façon considérablement plus articulée. Par exemple, dans le cas d’une punition divine infligée à quelqu’un, la punition peut avoir un rapport avec un degré conscient de péché de la part du coupable, que le texte ne précise pas. En outre, quand il y a une punition par la mort, s’agit-il de tuer des coupables, ou parle-t-on de la mort spirituelle (damnation) ?

Par ailleurs, les épisodes narrés dans la Bible, par exemple l’invasion des zones cananéennes par le peuple hébreu, sont-ils des événements historiques éventuellement déformés, et dans quelle mesure ? Ne faut-il pas distinguer la question du détail de ces événements, de la lecture globale qu’on doit faire de la volonté de Dieu ? Le texte n’est alors plus vu comme disant ce que Dieu faisait cas par cas, mais comme l’illustration de Son dessein global sur son peuple. On en fait alors une lecture plus distancée. La leçon centrale peut être juste (Dieu a été aux côtés de son peuple) ; pas nécessairement le mécanisme et les motivations ultimes de Son intervention, tels que décrits si on prend les textes au pied de la lettre sans plus de procès.

Quelle lecture pour nous ?

Comme dans le grand tableau des Exercices de saint Ignace de Loyola, la lutte du Bien et du mal est ici la toile de fond principale. Elle représente le choix ultime, qui transparaît dans toutes les situations de choix réellement significatifs et existentiels. Mais comme on l’a dit, dans la Bible ce choix est volontiers projeté sur les luttes réelles entre les hommes. On y vit les luttes entre groupes humains, notamment entre Israël et les autres peuples, comme si le Bien était clairement identifié au premier. Le rédacteur du texte trouve dès lors naturel de passer au fil de l’épée des populations entières, ou de voir de menus sacrilèges punis de mort. Cela choque nos conceptions, si on prend les textes au premier degré.

Cependant, nous ne pouvons nier l’effet de choc, la puissance des images que cela donne. Car une lutte, une guerre, sont des choses frappantes, concrètes, éminemment parlantes. La mise en scène de vérités fondamentales sous la forme de rapports entre des hommes concrets est particulièrement efficace. Le confirme l’image des Deux Etendards dans saint Ignace, point qui frappe le plus l’imagination dans ses Exercices spirituels ; or si ces exercices sont évidemment pour nous spirituels, c’est de nouveau à travers une image militaire.

Cela dit, le fait est que Dieu a accepté une période où des événements ont pu être lus ou vécus en termes extrêmement violents, y compris dans des textes considérés comme révélés par Lui. Dès lors, deux interprétations sont possibles. Soit l’action concrète de Dieu était alors réellement différente de ce qu’elle a été ultérieurement, notamment pour les raisons précitées liées au milieu et à son immaturité, par l’acceptation d’un usage plus systématique de la violence. Cela conduirait à une lecture relativement plus littérale des épisodes concernés, y compris dans le cas de villes passées au fil de l’épée. Ce serait cependant très surprenant, car Dieu userait alors de deux poids et deux mesures assez radicalement différents. Alternativement, et bien plus solidement, on considérera que Dieu a laissé les gens interpréter certains événements d’une certaine manière, alors qu’à Ses yeux la question était plus complexe, parce que les clefs pour le comprendre ne se dégageraient que par la suite.

Que faut-il en conclure ? Cette identification du bien et du mal avec des conflits humains peut parfois être vraie. Mais avec une conscience plus élaborée, nous pensons que dans la plupart des cas il faut distinguer l’homme, la personne, de la cause avec laquelle il peut s’identifier. Cela résulte notamment de la demande du Christ d’aimer nos ennemis : de les aimer comme personnes, ce qui ne fait pas disparaître leur qualité d’ennemis. Et nous savons qu’aucune réalité humaine dans quelque situation concrète que ce soit ne peut prétendre s’identifier au Bien absolu, même l’Eglise ; car son insertion historique est toujours entachée d’ambiguïté. Pour nous donc, le stade décrit au premier degré dans ces textes apparaît d’une certaine façon dépassé. Nous les lisons donc autrement. Quand par exemple dans des psaumes on assiste à des scènes violentes (par exemple le psaume 109 : il écrase les crânes - conquassabit capita etc… ou le célèbre psaume 136 Super flumina Babylonis, où on écrase des enfants) nous l’interprétons dans notre lecture comme faisant d’abord allusion au démon, plus généralement au mal sous toutes ses formes ou manifestations (y compris en particulier la mort). Nous y voyons aussi une personnification des mauvaises tendances en nous (le vieil homme). Ensuite seulement et parfois, cela peut viser des personnes, y compris des réprouvés. Mais même alors, nous savons que ce ne peut prendre de valeur totale et définitive qu’au Jugement, car ce sera alors définitif. D’ici là, c’est la mansuétude qui l’emporte, du point de vue de Dieu, le seul qui vaille. Nous reconnaissons le Christ tout-puissant, le Pantocrator comme celui qui paradoxalement s’offre aussi à nous sans défense dans la communion.

Mais cela ne doit pas non plus nous faire oublier la fin. Le Christ n’est pas seulement l’Agneau, mais aussi le lutteur. Dans l’Apocalypse, l’Agneau est proclamé vainqueur d’une lutte qui est décrite comme exceptionnellement violente. La pureté de Dieu est un glaive tranchant… En d’autres termes, nous ne devons pas éliminer ce que le message a de radical dans son principe, décrit dans des termes qui ne renient pas comme tel le registre de la violence. Certes, nous savons que cette ‘violence’ ultime sera justice, et reconnaîtra le choix fait par le réprouvé ; mais cela n’efface pas le caractère dudit jugement.

Il ne faut pas non plus s’abuser de notre supposée supériorité morale moderne. Notre vision est plus élaborée, tant par raffinement de la réflexion, que surtout du fait de la révélation ultérieure faite par le Christ, qui a bouleversé notre perception de la violence, excluant d’en faire une réalité normale de la vie chrétienne. Mais cela ne doit pas nous conduire à oblitérer le message des anciens textes. Et notamment à ne pas être lucide sur l’ambiguïté des motivations actuelles. Dans le refus spontané de l’homme contemporain face à eux, entre pour une part importante le refus de choisir, de prendre un camp dans la lutte contre le mal, et notamment la lutte qui est à l’intérieur de nous, avec nos chères passions.

Leçon finale sur la violence

Tout ceci implique en tout cas qu’on doive admettre que Dieu accepte un certain usage de la violence à des fins éducatives. Et il faut reconnaître que, plus généralement, de fait Dieu a accepté l’existence même de la violence, sachant qu’Il sait tirer un bien d’un mal. J’aborde le problème du mal plus en détails dans mon livre Dieu, le Mal et l’Histoire www.pierredelauzun.com/Dieu-le-mal-... . On n’est donc pas dans une religion à l’eau de rose. Mais cela ne doit pas conduire non plus à prendre littéralement les textes.

En outre, il ne faut pas oublier que comme on l’a dit, à la fin, de toute façon, on aura une forme de violence, qui est une sorte d’effet boomerang. Le Christ est mort en Agneau, mais reviendra en Juge. Ce point est central pour notre propos. Car si, comme certains le disent, tout le monde était sauvé, alors l’Ancien testament serait complètement dépassé, et même incompréhensible. En revanche, s’il y a jugement dernier, son inspiration centrale reste fondamentalement juste : le problème de perspective des textes est purement temporel, et le rectifier justifie pleinement la lecture spirituelle, ou allégorique, de ces passages. Non pour en enlever le sens, mais pour le reporter à la fin des temps. Certes la miséricorde y sera reine. Mais pour ceux qui la demandent et l’acceptent.


















































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