La dernière encyclique du pape François, Dilexit nos est consacrée à un sujet qui a surpris beaucoup de gens : la dévotion au Sacré Cœur de Jésus. Elle contient à ce titre un message à la fois essentiel et profondément émouvant.
Il paraît cependant suggestif d’évoquer un aspect particulier qui sous-tend ce texte : l’anthropologie. Celle proposée dans Dilexit nos mérite un examen spécifique, notamment du fait qu’elle s’éloigne sur plusieurs points de la conception classique, notamment par sa survalorisation de l’affectivité. En même temps, elle explique ou éclaire bien des attitudes et choix du pape François, attaché aux élans du cœur mais méfiant envers la raison.
Suite…
Bien qu’avancé, le pontificat du pape François a encore de quoi surprendre. Mais il est déjà suffisamment rempli pour qu’un essai de rétrospective soit possible.
Il va de soi qu’une partie appréciable de ses interventions s’inscrit dans le cadre de ce qui est attendu d’un pape, et qu’il a touché le cœur de beaucoup de gens. Ce n’est pas là-dessus qu’on insistera ci-après, mais sur ce qui le met à part, notamment dans ses propos.
De façon générale, ce pontificat restera sans doute dans les esprits comme un phénomène spécifique. Outre le tempérament personnel du pape, il ne se réduit ni à un progressisme pur, ni à une singularité latino-américaine.
La prédominance des options politiques et sociales, vues sous un angle très personnel, et l’agacement du pape envers la précision intellectuelle lui donnent une tonalité très particulière.
Suite…
On sent depuis longtemps un malaise dans le positionnement de l’Eglise et des chrétiens face aux évolutions et problématiques de nos sociétés, entre prophétisme, compromission et marginalité.
Maladresses mise à part, cela met en évidence une difficulté de fond, qu’il faut savoir reconnaître : la contradiction entre le droit pour chacun de faire ce qu’il veut sous réserve du droit du voisin, qui est au centre de la vision désormais commune, et la conviction qu’il y a un bien et un mal en soi, à comprendre puis prendre en compte autant qu’on le pourra.
Suite…
La déclaration Dignitas infinita que vient de publier le dicastère pour la Doctrine de la foi avec l’approbation du pape Francois est importante – même si elle contient peu d’éléments nouveaux. Et notamment elle confirme utilement de nombreux points parfois perdus de vue.
Mais la centralité donnée à ce concept de dignité, malgré ses ambigüités multiples, soulève de réelles questions.
D’où des paradoxes : on y condamne à raison l’euthanasie au nom de la dignité humaine, mais ceux qui la demandent le font précisément eux aussi au nom de la dignité.
Il faut donc y regarder de plus près.
Suite…
La question du mal est une vieille interrogation de l’humanité, peut-être dès les origines. Elle fait l’objet d’un dossier spécial de la revue La Nef , dans lequel je suis intervenu par deux articles, l’un, introductif, sur ce qu’on peut appeler la dimension philosophique, l’autre sur la question de la relation entre le mal et l’existence de Dieu.
Ce sont les idées que j’ai développées dans mon livre Dieu le mal et l’histoire, paru en 2022 chez Téqui.
Suite…
Ce texte a soulevé dans l’Eglise un tollé. En soi, c’est très nouveau. Mais la problématique sous-jacente n’est pas une nouveauté totale, tant s’en faut. Elle conduit à s’interroger sur l’exercice même du magistère après ces expériences étranges.
On sait que le pape François a une grande méfiance par rapport à ce qu’il voit comme les risques de la doctrine.
Il en résulte que son grand agenda de transformation de l’Eglise n’a que très rarement pris la forme d’une position doctrinale remettant directement en cause des enseignements antérieurs. Mais on juxtapose une praxis évolutive à une doctrine supposée maintenue, sans vrai pont entre les deux.
Combinée avec un style de gouvernement autoritaire, cette méthode étrange et inédite suscite inévitablement des réactions embarrassées. L’effet dominant de tout cela est en définitive un plus grand détachement à l’égard du magistère. Y compris, désormais, chez bien des ‘conservateurs’.
Suite…
Nous ne savons pas quand se posera la question du nom du futur pape, et peu importe ici.
Mais il n’est pas sans intérêt de réfléchir sur ce que signifiera le choix qui sera fait le moment venu. Car c’est loin d’être simple, ni neutre, qu’on imagine un Pie XIII, un Paul VII, un Jean-Paul III, un Benoît XVII, un François II… Ou encore, comme le pape François le faisait avec humour, un Jean XXIV.
Reste alors la possibilité d’une innovation. Voyons comment.
Suite…
Certaines des prises de positions récentes du pape François mettent à nouveau en évidence des facteurs communs caractéristiques de son approche très particulière, alors même qu’elles portent sur des sujets très différents. Ainsi sa demande d’une gouvernance écologique mondiale d’un côté ; ou le processus synodal de l’autre. L’examen de l’un et de l’autre montre ainsi que cela met en jeu une conception bien spécifique du pouvoir, ainsi que du rapport à la vérité et à la doctrine.
Souligner cette spécificité très personnelle de l’approche de François n’enlève rien à son autorité pastorale, mais la situe avec ses forces et ses limites. Et donc ses risques. Suite…
Une question lancinante est celle de la violence attribuée à Dieu dans l’histoire, violence qu’on rencontre en permanence dans les pages de la Bible, notamment l’Ancien testament. Cela choque le lecteur moderne, et pourtant c’est dans la Bible, censée être inspirée par Dieu. Que peut-on en penser ?
Quelques réflexions pour aider à éclairer cette question sensible.
Suite…
J’avais souligné dans une précédent document l’ampleur des conséquences de l’effondrement quantitatif du catholicisme. Il impliquera une transformation en profondeur de son organisation.
Il reste que les débats en cours sur le cléricalisme et la voie synodale ne mettent pas en évidence le problème le plus profond : la déficience de l’autorité, particulièrement manifeste dans la crise pédophile mais qui va bien au-delà. Et, corrélativement, la perte du sens de la vocation religieuse, sacerdotale ou monacale. En un mot, de sa supériorité et de sa nécessité, et des exigences que cela implique.
Suite…