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La Révélation chrétienne ou l’éternité dans le temps


lundi 15 janvier 2018









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Introduction du livre (extraits)

Qui dit foi au sens chrétien du terme dit Révélation divine, donc irruption divine dans le temps, donc des événements datés avec un avant et un après, en un mot une Histoire. Mais Dieu est éternel, hors du temps. L’idée de révélation peut donc paraître paradoxale.

Par ailleurs cette révélation est à la fois un message, pourvu d’un contenu qu’on peut analyser conceptuellement, et un appel à relation avec un Etre qui nous dépasse infiniment, bouleversant notre vie. Message qui est a priori conditionné par son lieu et son époque d’émergence, donc situé dans le temps - et cependant porteur d’une vérité absolue et intemporelle, laquelle doit nous parler là où nous sommes, et nous conduire hors du temps. Autre paradoxe ?

Ce double niveau éternel et historique opère à tous les niveaux de la vie religieuse. Personnel d’abord, puisque la foi est l’irruption d’une rencontre, et la poursuite pendant toute sa vie des effets de cette rencontre, faisant de cette histoire personnelle une réalité chaque fois unique. Collectif ensuite, et à plusieurs stades. D’abord au moment de cette Révélation. En effet, contrairement à une philosophie ou une science, qui se créent par des ajouts et remises en cause successives qui sont sans importance en tant qu’événements, la Révélation chrétienne donne une valeur toute particulière à un ou des moments bien précis, ceux où Dieu S’est manifesté à un ou des hommes donnés. Cela crée une différence de nature entre l’avant et l’après de ces événements. Effet encore renforcé par le fait que ces Révélations se sont étalées le long d’une histoire qui se trouve par-là rythmée et orientée. En outre la période qui suit la Révélation n’est pas inerte ou passive : c’est le moment d’un intense travail d’interprétation, qui dans le catholicisme prend une forme cumulative. Enfin cette Révélation annonce à l’Histoire quel sera son horizon, lui donnant son sens ultime et véritable.

Une telle perspective religieuse sur l’histoire est unique et, si elle est vraie, essentielle. Mais elle suppose la foi. Peut-on alors en rendre compte rationnellement ? Oui, et tel est mon objet ici. Je me situerai d’un point de vue philosophique, pour questionner avec les moyens de la raison ce que l’Eglise pense et dit sur la Révélation, prise comme message, et sur l’histoire du développement de cette pensée et de ce discours. Il s’agit donc d’un angle particulier de réflexion sur la Révélation, nullement exclusif d’un autre. C’est notamment une démarche distincte de la théologie, qui mène ses interrogations à partir de la Révélation elle-même. Ici on utilisera la raison pour examiner le sens des affirmations ainsi posées, même si leur source ne dépend pas de la raison. Bien entendu, cette démarche est plus limitée que celle du croyant, qui se nourrit de cette Révélation comme Parole de Dieu, dans la perspective de sa vie de foi, avec Dieu et dans la prière.

Aborder la Révélation dans cette optique, c’est tenter de penser ce que peut signifier une irruption de l’éternité dans le temps, qui prend la forme d’un message articulé dans un langage humain, ensuite pensé et développé. Sachant en outre que non seulement ce processus vit dans l’Histoire et l’anime, mais que c’est à lui que nous devons la notion même d’Histoire... En d’autres termes, le développement historique du message fait partie du plan de Dieu et résulte de Sa volonté de faire parvenir chaque homme et l’humanité à un stade de maturité particulière, par un processus libre et pédagogique, donc progressif. J’examinerai le sens rationnel de cette problématique en première partie.

Une telle Révélation est entre autre une forme de connaissance spécifique, qui ne saurait être examinée efficacement sans référence au cadre dans lequel elle a été donnée aux hommes et est depuis vécue par eux, c’est-à-dire dans cette communauté vivant dans l’Histoire qu’on appelle Eglise. Laquelle a développé et continue à développer le message de cette Révélation au cours des siècles, par une réflexion collective, cumulative et autorisée, qu’elle place sous les auspices de l’Esprit de Dieu et considère animée par Lui, dans un cadre appelé Tradition. L’articulation entre Révélation et rationalité a dès lors fait l’objet d’un enseignement constamment enrichi, sur lequel les deux derniers conciles ont particulièrement réfléchi. J’en examinerai les traits principaux et la logique de l’affirmation sous-jacente, selon laquelle un tel travail historique est possible. On évoquera notamment l’élaboration progressive de ce qu’on appelle dogme. Ce mot est mal vu aujourd’hui, mais rappelons que c’est simplement la mise en forme rationnelle et autorisée de l’enseignement de la Révélation. Il conduit à la question de l’autorité, elle aussi malmenée aujourd’hui, et pourtant naturelle dans la logique de ce message, puisque c’est le prolongement de l’idée de Révélation, qui suppose une Parole insérée dans l’histoire mais qui fait autorité ensuite. C’est ce que nous verrons dans la deuxième partie.

Emergence dans notre monde et notre histoire d’une réalité autre, cette Révélation a pris la forme d’un texte, récit d’une histoire sainte. D’où la question de la transmission de ce message et donc de la bonne lecture de ces textes, ce qu’on appelle l’exégèse. Or une exégèse rationaliste, aujourd’hui dominante, se présentant comme seule scientifique, conduit souvent à remettre en cause l’historicité et la réalité de cette Révélation. Par là même elle sape la rationalité que la Révélation prétend garder. Nous verrons cependant les limites de cette supposée scientificité ; et notamment l’incohérence logique de la méthode, qui trop souvent examine en termes probabilistes, en refusant au départ de se placer dans la perspective de la foi, des textes qui ont au contraire pour seul rôle de rapporter des faits exceptionnels, et de se présenter comme une Révélation divine. Ce sera notre troisième partie.

Une fois les textes compris dans leur lettre, et leur vérité factuelle cernée, il reste une étape importante, qui est leur interprétation et le travail de développement historique de ces dogmes et plus généralement de l’enseignement magistériel. Nous passerons en revue les différentes conceptions proposées de ce développement, notamment les plus critiques. Il nous faudra notamment confronter la démarche chrétienne traditionnelle, fondée sur l’écoute du texte comme texte de vérité, avec ce que j’appelle le défi herméneutiste : cette interprétation actuelle qui prétend aborder le texte comme document soumis à des relectures, variables selon les époques et lieux de vie, et dépendant de visions philosophiques successives. Ces points seront abordés dans la quatrième partie.

J’examinerai ensuite dans une cinquième partie d’abord quelle semble être la conception la plus fidèle du développement du dogme ; et ensuite, avec plusieurs exemples concrets, les cas où il peut paraître à l’œil extérieur remettre en cause des conceptions antérieures, pour mieux évaluer sa signification et ses enjeux. Ce qui se dégagera alors est le sens plus précis de l’insertion de ce message dans le seul contexte d’interprétation qui lui rend réellement justice, et qui est fondé sur la notion de vérité incarnée : une vérité éternelle se dévoilant dans le temps et dans l’histoire.

Voir : http://lesalonbeige.blogs.com/my_we...

https://www.famillechretienne.fr/li...

Pour une analyse mi-élogieuse, mi-critique de S. Taussig dans Archives des sciences sociales des religions oct-déc 2019 : https://journals.openedition.org/as...

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